A ma grande surprise, suite à une remarque de mon médecin, j’ai pris conscience à 43 ans que j’étais anxieuse. Cette découverte m’a complètement surprise. Comment s’en rendre compte alors que c’était mon état d’être depuis des années ? De l’extérieur, je dégageais souvent une apparente sérénité… un masque qui cachait une autre réalité, bien plus mouvementée.
Au fait, qu’est-ce que l’anxiété ?
C’est un trouble émotionnel se traduisant par un sentiment indéfinissable d'insécurité.
Et qu’est-ce que l’insécurité ?
L’insécurité est un état permanent d’alerte dans lequel on se sent en danger.
J’ai appris dès mon plus jeune âge à être sur le qui-vive par peur de « faire quelque chose de faux qui pourrait attirer l’attention ». Et c’était dangereux car je ne connaissais pas les conséquences à l’avance.
Ce fonctionnement, je l’ai gardé à l’âge adulte même s’il n’avait plus de raison d’être. Ce fonctionnement mis en place pour me protéger était devenu ma réalité quotidienne.
Dans ma vie de famille, cela se reflétait par le besoin d’être une superwoman qui gère tout. J’étais dans cet état d’hypervigilance où le moindre bruit, le moindre changement d’émotions, le moindre changement de programme me déstabilisait complètement. Il fallait rapidement trouver une solution pour que tout revienne dans l’ordre… et c’était régulièrement une mission impossible tant la vie de famille avec de jeunes enfants était imprévisible.
Dans ma vie professionnelle, c’était le besoin de perfection qui primait. Je devais maîtriser mon sujet à fond, envisager toutes les différentes options et toujours faire de mon mieux pour qu’on ne puisse rien me reprocher. Je me mettais une énorme pression pour que rien ne m’échappe.
Les relations sociales étaient difficiles. Il me manquait le mode d’emploi. Je comprenais rarement le fonctionnement des autres et me sentais inconsciemment en danger. J’étais en alerte permanente et ne pouvais faire confiance à personne. Je gardais souvent le silence et observais attentivement les interactions des uns et des autres. J’aimais être celle qui écoute, c’était l’option la moins risquée pour moi.
Ce besoin de perfection, de maîtrise et de contrôle était épuisant. J’aspirais au calme, je goûtais les moments pendant lesquels il ne se passait rien du tout, c’était si reposant.
Découvrir que mes comportements reflétaient une insécurité permanente et que cela se nommait de l’anxiété a été une surprise. A ce moment-là, j’ai réalisé qu’en fait je ne maîtrisais rien du tout. Je subissais chaque évènement comme une menace potentielle et étais dans la survie jour après jour.
J’ai peu à peu appris à observer tout ce qui se jouait inconsciemment en moi. Je découvrais ce stress intérieur alors qu’il n’y avait pas de réelle menace. J’ai expérimenté différentes techniques pour tenter de me défaire de cette anxiété, mais je me suis rendu compte que j’étais à nouveau dans le contrôle. Dans un deuxième temps, j’ai appris à me mettre en lien avec cette anxiété, à la respecter, à écouter son message et à rassurer cette part de moi qui tentait de me protéger à sa manière.
Alors oui, il y a des moments où je suis encore anxieuse. Je ne cherche plus à m’en débarrasser comme d’un cadeau empoisonné, j’ai compris que c’était impossible. J’ai appris à vivre avec cette émotion et à ne plus la subir. Elle me montre ce qui me stresse et j’entends son message. Pour me rassurer, je me dis :
« Ici et maintenant, tout va bien. Il n’y a pas d’animal sauvage affamé dans les parages qui risque de me sauter dessus. »
Ces paroles me rassurent, je réalise qu’il n’y a pas de véritable danger. Mon corps se détend et je ressens de la sérénité et de la sécurité.
Et toi ? Es-tu anxieux·se ?
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